“Aucun film ne devrait pas être modifié”

Le grand cinéaste Steven Spielberg a quelques regrets dans sa carrière et l’un d’eux concerne sa propre censure. Voici ce que l’on peut apprendre à ce sujet au sein d’une interview.
ET l’extra-terrestre, le célèbre film de science-fiction de Steven Spielberg est sorti en 1982 et il a connu plusieurs versions au fil des années, notamment en ce qui concerne la censure. Les diverses décisions ont été prises pour des raisons de sécurité et de sensibilité à l’égard de la violence. Pour ne pas “choquer le jeune public”. Par exemple initialement, le film montrait des scènes où des agents fédéraux et policiers étaient armés lors de la poursuite des enfants et d’ET dans les rues de la ville. Lorsque les bicyclettes survolent le barrage policier les agents de la paix brandissent même leurs armes en direction des enfants.
Une auto censure qui commence en 2002
Après la fusillade de l’école primaire de Sandy Hook en 2012, Steven Spielberg a décidé de retirer toutes les armes du film pour raison politique et sociale pour les prochaines versions du long métrage. Même si dans la version remastérisée de 2002, Spielberg avait déjà remplacé les armes à feu par des talkies-walkies pour la scène des vélos. En 2019 le changement est complétement acté et toutes les armes disparues de l’écran. Dans cette nouvelle version édulcorée, les agents poursuivent les enfants et ET à pied sans armes. Suite aux critiques, Spielberg a expliqué que la présence d’armes dans le film n’était pas nécessaire pour faire avancer l’intrigue, et que leur absence n’avait pas d’impact sur l’histoire. À l’époque certaines ont même créé des requêtes en ligne pour demander le retour des pistolets et des fusils dans le film.
Steven Spielberg revient sur sa décision et son regret
Quelques années plus tard en 2023, à une époque où l’on a tendance à renier notre passé et le regarder sous le prisme du présent, Steven Spielberg est revenu sur sa décision à travers une interview au sein du média Variété. Il explique :
C’était une erreur a déclaré Spielberg. Je n’aurais jamais dû faire ça. “ET” est un produit de son époque. Aucun film ne devrait être modifié en fonction des lentilles à travers afin que nous le regardions maintenant, que ce soit ou sous la contrainte.
L’homme tout explique de même la raison pour laquelle il a fait le choix et l’impact d’une telle décision :
« “ET” était un film pour lequel j’étais sensible au fait que les agents fédéraux s’approchaient d’enfants avec des armes à feu, et j’ai pensé que je changerais les armes en talkies-walkies… Des années ont passé et j’ai changé d’avis. Je n’aurais jamais dû toucher aux archives de mon propre travail, et je ne recommande à personne de le faire. Tous nos films sont une sorte de repère de l’endroit où nous étions quand nous les avons faits, de ce que le monde était quand nous avons diffusé ces histoires. Donc, je regrette vraiment d’avoir fait cela.
Steven Spielberg souligne une notion intéressante, celle des archives. En effet un film de fiction au même titre qu’un véritable documentaire est une archive du passé qui permet de capturer la substance moelleuse d’une époque ou d’une période en particulier. Le modificateur est donc contre productif et nous empêche de nous rappeler du passé. Heureusement Indiana Jones un échappé à cette censure !